Conférences
La ville ouverte par Richard Sennett, historien et sociologue (sous réserve)
Vendredi 26 janvier 2018 à 18h30, le Grand Plateau
L’urbanité devrait ouvrir des opportunités, connecter les personnes à de nouvelles relations, libérer des limites étriquées des traditions – en un mot, la ville devrait accroître l’expérience sociale de chacun. Mais les villes modernes fonctionnent à l’opposé : l’inégalité urbaine réduit les débouchés ; la ségrégation spatiale isole les habitants en classes, races et groupes ethniques homogènes ; les espaces publics des villes d’aujourd’hui ne sont plus des espaces d’innovation politique. Or, matériellement, les hommes ont la capacité d’être les créateurs qualifiés du lieu qu’ils habitent dans le monde. Cette conférence explorera les manières d’ouvrir la ville afin qu’elle devienne matière à plus d’échanges, et à de l’activité intensifiée.
Professeur à la London School of Economics et à la New York University, Richard Sennett est considéré comme l’une des figures les plus originales de la critique sociale d’aujourd’hui, notamment ancrée sur l’analyse de la ville, du travail, du capitalisme. Matérialiste et pragmatiste, il s’intéresse à l’histoire des formes du travail pour repenser les modèles sociaux et les figures du travailleur mais aussi aux formes de culture et de société produites par les individus et les groupes à partir de leurs propres expériences. Parmi ses publications en français, aux Editions Albin Michel : « Travail sans qualités » (2000), « Respect. De la dignité de l’homme dans un monde d’inégalité » (2003), « La culture du nouveau capitalisme » (2006), « Ce que sait la main » (2010). Parmi ses récompenses, il a reçu les Prix Hegel et Spinoza.
Modération : Colette Tron et Fabrice Lextrait
Ce qui travaille par Bernard Stiegler, philosophe
Jeudi 1er février 2018 à 18h30, le Grand Plateau
Il y a quatre ans le MIT publiait une étude soutenant que 47% des emplois aux Etats-Unis pourraient être intégralement automatisés au cours des vingt prochaines années. Ces emplois ne sont automatisables que parce qu’ils sont dénués de tout travail – si l’on considère que travailler consiste à inscrire dans le monde une réalité nouvelle, fruit du génie humain.
L’Anthropocène est une impasse qui a été provoquée par une prolétarisation généralisée détruisant le travail. L’avenir est le Néguanthropocène, qui reposera sur une économie mettant les automatismes au service de la désautomatisation, c’est-à-dire du génie humain – ceci sur la base d’une extension progressive de ce qu’Ars Indutrialis appelle le revenu contributif. Celui-ci s’inspire à la fois de l’organisation contributive du travail inventée par les producteurs de logiciel libre et du régime des intermittents du spectacle – qui sont des producteurs d’anti-entropie (ce que l’on appelle aussi la « culture).
Philosophe, auteur d’une trentaine d’ouvrages, Bernard Stiegler est président de l’association Ars Industrialis, directeur de l’Institut de Recherche et d’Innovation du Centre Georges Pompidou, professeur associé à l’Université de Technologie de Compiègne. Son travail analyse les systèmes techniques dans leur relation aux systèmes sociaux, économiques, politiques, culturels, dans la perspective d’un monde « non-inhumain ». Dernières publications : La société automatique I, L’avenir du travail (Fayard, 2015) ; L’emploi est mort, vive le travail, entretiens avec Ariel Kyrou (Les mille et une nuits, 2015) ; Dans la disruption, comment ne pas devenir fou ? (Les liens qui libèrent, 2016). A paraître : La société automatique II, L’avenir du savoir.
Modération : Colette Tron
Table ronde
Une économie des gestes
Jeudi 8 février à 18h30, le Petit Plateau
Avec Sylvie Boulanger, eRikm, plasticien et musicien, Pierre Parlant, écrivain et philosophe, Olivier Quintyn, philosophe et éditeur…
Modération : Colette Tron
Qu’est-ce qu’un geste ? Si l’on se réfère à la tentative d’analyse de Vilém Flusser, auteur de Les gestes, il y a geste lorsqu’il y a prise de décisions, et lorsqu’il y a liberté plutôt qu’efficacité, car la « rationalisation anéantit le geste ». Les gestes de travail seraient systématiquement pris dans ce dualisme, ouvert ou fermé, dont le rapport homme / instrument est incontournable pour penser le processus de production comme création plutôt que reproduction (selon Gilles Deleuze) ou automatisation (selon Bernard Stiegler). Cette problématique est au cœur du fonctionnement industriel.
Or, qu’en est-il de pratiques critiques ? Quelles sont les possibilités et les processus pour qu’ait lieu un geste ? Et dans quelle économie générale ? Quelle en est la valeur ? En quoi l’art et l’artiste ont-ils des gestes singuliers, inventifs ou inauguraux ? A quoi cela œuvre-t-il ?
Poète, écrivain, agrégé de philosophie, Pierre Parlant est l’auteur de nombreux livres et a dirigé la revue Hiems. La revue Il Particolare a consacré un dossier à l’ensemble de ce travail de création et d’écriture (octobre 2017). En 2015, à l’initiative des éditions Plaine page, il a dirigé le dossier « Penser avec les mains » qui interrogeait les possibilités de réalisation de toute œuvre. Vient de paraître : « Ma durée Pontormo » (Nous, 2017).
Sylvie Boulanger est actuellement directrice du Centre national édition art image (CNEAI =). Fondatrice du Salon Light et de la Collection FMRA, elle est aussi éditrice et a été commissaire d’une centaine d’expositions. Spécialisée dans les pratiques artistiques éditoriales, elle est membre de plusieurs comités de recherches (Art & Valuations, Pratiques domestiques, Living Archive, Art By Telephone, Edith), du Conseil de la Recherche de l’ESAD Grenoble-Valence et du Comité de rédaction de la revue Multitudes. Elle donne des conférences dans plusieurs universités et écoles d’art.
Attentif au maintien de la fusion entre pensée, instinct et sensibilité, eRikm entretient la simultanéité des pratiques et la mise en tension de différents modes de composition, dans et avec tous les langages, depuis son expérience première de guitariste jusque dans ses recherches plastiques et visuelles. Il développe une approche prospective du médium technologique, à la fois comme outil de développement d’un modèle économique et comme instrument de création, de production, de diffusion.
Philosophe, Olivier Quintyn est l’auteur de trois livres théoriques : Dispositifs/Dislocations. Essai sur le collage (Al Dante, 2007), Valences de l’avant-garde. Essai sur l’avant-garde, l’art contemporain et l’institution (Questions Théoriques, 2015), et Implémentations/Implantations : pragmatisme et théorie critique. Essais sur l’art et la philosophie de l’art (Questions Théoriques, parution décembre 2017).