Programme complet

Jeudi 12 novembre – Ecole supérieure d’art

9h30 – 12h00

Introduction par Jean-Paul Ponthot, directeur de l’Ecole supérieure d’art d’Aix, Jean Cristofol, enseignant en épistémologie à l’Ecole supérieure d’art d’Aix, Colette Tron, directrice artistique d’Alphabetville

Cédric Parizot / Douglas Edric Stanley – 
 »A Crossing Industry : Le jeu vidéo comme dispositif documentaire critique »

A Crossing Industry est un jeu vidéo qui plonge le joueur dans les réseaux qui assurent le passage clandestin des ouvriers Palestiniens de Cisjordanie vers Israël depuis les années 1990. Il est développé par Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/Aix Marseille Université), Douglas Stanley (artiste programmeur), Jean Cristofol (philosophe) et des étudiants de l’école supérieure d’art d’Aix en Provence depuis septembre 2012. C’est une expérimentation au croisement de la recherche et de l’art puisque ce jeu s’inspire de recherches ethnographiques pour documenter les processus qui structurent les espaces frontaliers en Israël/Palestine, tout en développant sa propre logique artistique.

Cédric PARIZOT est anthropologue du politique.
Chercheur au CNRS, il travaille à l’Institut d’études et de recherche sur le monde arabe et musulman (Aix-Marseille Université). Ses recherches portent sur les mobilités et les frontières dans les espaces israélo-palestiniens, ainsi que sur l’articulation entre art, science et technologie numérique. Depuis 2011, il coordonne l’antiAtlas des frontières(www.antiatlas.net) un programme transdisciplinaire, qui associe des chercheurs, des artistes et des professionnels pour repenser les mutations des frontières du 21e.
Artiste d’origine américaine, Douglas Edric STANLEY est professeur d’Arts numériques à l’École supérieure d’art d’Aix­ en ­Provence où il a fondé L’atelier hypermédia, un atelier qui traite l’algorithme et le code en tant que matières plastiques. Il est également enseignant au Master Media Design de la Haute École d’Art et de Design de Genève où il enseigne le Design algorithmique. Il a animé de multiples workshops sur la programmation artistique pour diverses associations, universités et écoles d’art. Il a participé en tant qu’artiste à de nombreuses expositions liées à l’art informatique.

François Parra – 
Walking the data, outils de transmission des expériences menées sur le territoire d’Hôtel du Nord.

Hôtel du Nord est une coopérative d’habitants qui développe des activités de recherche et d’action autour du patrimoine. Elle labellise et distribue, chambres d’hôtes, produits, savoirs-faire, permettant d’expérimenter autrement l’habitat dans les quartiers nord de Marseille. Elle centralise des informations, des données, des démarches, des inventions, dont le nombre croissant pose la question de leur conservation et de leur disponibilité.
Walking the data est un projet, prenant actuellement la forme d’une carte médiatique dynamique, qui tente de fabriquer un espace de mémoire collective s’appuyant sur des préoccupations esthétiques croisant territoire et technologies.

François Parra a une formation de plasticien. Dès le départ, il travaille le son dans son rapport à l’espace. Il réalise d’abord des interfaces de production sonores liées à son corps, jusqu’à ce que celles-ci occupent progressivement l’espace de manière autonome. Formé aux techniques de l’audionumérique dans les studios du GMEM, à Marseille, les rencontres avec certains compositeurs l’amènent à se préoccuper de questions d’écriture temporelle, tout en conservant un vocabulaire de plasticien. Le son est avant tout pour lui un matériau restructurant indéfiniment l’espace, et donc modifiant notre rapport social. Avec l’évolution des technologies, il propose au public de manipuler, d’abord par l’usage de capteurs gestuels, puis par l’utilisation d’interfaces conçue pour le web, des programmes qui captent certains types de sons et les intègre dans des compositions. Il est ou a été membre de plusieurs collectifs d’artistes, Daisychain, NøDJ/NøVJ, Cap15. Il enseigne l’audionumérique à l’école des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence et travaille régulièrement pour le spectacle vivant, la radio, la vidéo.

Joana Moll / Cédric Parizot – 
The Virtual Deputies

« The Virtual Deputies » est un projet en cours, à l’intersection de l’art, de la recherche et des technologies. Le projet puise ses éléments dans un groupe Facebook appelé « Blueservo ». Ce groupe réunit des volontaires civils qui surveillent la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis dans le but de réduire la délinquance aux frontières et de contribuer à bloquer l’entrée sur le territoire US des immigrants illégaux. Le projet développe une démarche d’investigation et d’analyse du caractère affectif des relations qui se nouent entre les membres du groupe et les technologies de surveillance qu’ils utilisent. Le but est de montrer comment ce processus d’investissement affectif de la technologie peut apparaître comme un mécanisme essentiel dans la production et la légitimation d’une société « post-panoptique ».

Joana Moll (http://www.janavirgin.com) est artiste et chercheur.
Elle a un master d’art digital de l’université Pompeu Fabra et un BA d’arts visuels de l’Université Autonome de Barcelone. Elle est actuellement lectrice au College of Art and Design de Vic (Barcelone) et elle collabore à urgeurge.net, à Ojovoz.net et à LEM festival. Son travail critique explore la façon dont les narrations propres aux sociétés post-capitalistes affectent les écosystèmes humains/machines. Elle a exposé et présenté son travail dans différents musées, centres d’art, festivals, universités et publications. Elle est membre du comité scientifique et artistique du collectif transdisciplinaire l’antiAtlas des Frontières.

14h00 -17h30

Paul-Emile Geoffroy – 
 »Vers un art poétique de l’hypercontrôle »

Inventer un ars de l’hypercontrôle, c’est se demander ce que la révolution technique du digital fait à l’art. Il s’agit alors de questionner ce que pourrait être un art poétique de l’hypercontrôle à l’époque de la destruction de la langue par les algorithmes de Google. Il faut pour cela se demander d’abord ce que le digital transforme dans la fabrique de la langue. Puis quels outils numériques nous permettent de mettre en œuvre le programme d’un art poétique de l’hypercontrôle, c’est-à-dire comment utiliser la technologie digitale au service de la langue plutôt que contre elle.

Paul-Emile Geoffroy étudie la philosophie à l’Université Paris 10 Nanterre, après des études consacrées aux langues, spécialisées en traduction. Il est chercheur à l’Institut de Recherche et d’Innovation et membre du Conseil d’Administration de l’association Ars Industrialis. Au sein de l’école de philosophie en ligne pharmakon.fr créée par Bernard Stiegler, il a animé en 2013-2014 un atelier de recherche contributive visant à développer une théorie de la catégorisation contributive à l’aide de dispositifs herméneutiques.

Colette Tron – 
Données numériques, éditorialisation, interprétation et savoir vivant. Pour des « technologies de l’esprit ».

Concernant le traitement des données numériques, comment développer et actualiser des protocoles éditoriaux articulant manières de penser et supports technologiques ? Car la pensée n’est pas immatérielle et évanescente mais s’exprime autant qu’elle s’imprime, à travers les organes humains et ses instruments, et dont la pratique, « depuis l’origine de l’hominisation désorganise et réorganise les cerveaux et les esprits (comme minds et comme spirits) », écrit Bernard Stiegler (La société automatique, 2015). On se demandera quelles politiques et poétiques de publication mettre en œuvre pour des « technologies de l’esprit », évitant court-circuits organologiques et désordre entropique.

Colette Tron est auteur et critique, et a dirigé deux ouvrages (« Nouveaux, medias, nouveaux langages, nouvelles écritures », l’Entretemps, 2005, « Esthétique et société », l’Harmattan, 2008). Directrice artistique d’Alphabetville à Marseille (www.alphabetville.org), les activités de recherche et d’expérimentation s’y sont développées autour des relations entre langages et medias, art et technique, technologie et culture. Dans le cadre de ce laboratoire des écritures multimédia (plus que transmedia), il sera maintenant traité de la publication, ce dans la culture numérique, avec ses technologies et l’appareillage qui s’y constitue, et en regard de la formation d’un nouvel espace public.

Cécile Portier – 
Qu’est-ce donc que cela qui nous est donné et dont nous ne pouvons nous ressaisir ?

Etant donnée a pour point de départ l’œuvre de Marcel Duchamp, Étant donné : une femme nue, allongée, dont nous voyons tout, sauf le visage, et qui tient à la main un bec de gaz pour éclairer… le plein jour. Nous sommes dans cette situation : les données nous font la promesse de pouvoir « tout » voir, on oublierait presque qu’il existe un point aveugle. Cette figure de la femme découverte inconsciente sera le personnage de cette histoire. Elle se réveille, est amnésique : elle est un puits d’oubli, à remplir de ses traces antérieures. Ainsi observée, objectivée, elle se révèlera éclairante dans son mystère même, portant une autre lumière sur le plein jour de ces données numériques qui ne se donnent pas tant à voir (elles existent sous le régime de l’invisibilité, dans leur processus de collecte et de calcul, d’algorithmes que nous ne maîtrisons pas) mais travaillent à nous rendre chaque jour un peu plus « transparents ».

Cécile Portier mène une activité d’écriture où les formes papier, numérique et performance se côtoient. http://www.petiteracine.over-blog.com/ Elle a publié trois livres, explorant la question de l’errance, de l’écart à la trajectoire prévue ou normée : Contact, (Seuil, 2008), Saphir Antalgos, travaux de terrassement du rêve (Publie.net, 2010) et Les longs silences (Publie.net 2015). Sa pratique de l’écriture web l’a conduite à s’interroger sur la manière qu’avaient les données à faire écriture, à écrire parfois à notre place. Elle en a conçu deux web-fictions Traque traces et Etant donnée. (www.petiteracine.net)

Anne Alombert – 
Bifurquer vers le Néguanthropocène : la nécessité d’un « ars de l’hypercontrôle »

Si l’automatisation et la prolétarisation propres au stade contemporain de l’Anthropocène sont productrices d’entropie, c’est qu’elles désintègrent les processus néguentropiques que constituent les savoirs. Il s’agira de voir comment un « ars de l’hypercontrôle », indissociable d’une inventivité politique, économique, scientifique et organologique, pourrait mettre les technologies numériques au service de la constitution de savoirs, et engendrer ainsi une bifurcation vers le Néguanthropocène.

Anne Alombert est doctorante en philosophie contemporaine à l’Université Paris Ouest Nanterre et participe aux activités de recherches de l’IRI, notamment dans le cadre des Digital Studies.

Vendredi 13 novembre – Ecole supérieure d’art

9h30-12h00

Dominique Augey – 
Le BigData, un nouvel or digital ?

Le Big Data est souvent vu comme un ‘nouvel or digital’. Les économistes pronostiquent de nouveaux marchés et de nouveaux emplois. Alors qu’est-ce que le Big Data vu par un économiste ? Quels sont ces nouveaux marchés qu’on nous annonce ? Va-t-on vers une troisième révolution après celle de Gutenberg et de l’industrialisation du 19e siècle ? Le Big Data est intimement lié à la numérisation de la société. Cette dernière va-t-elle changer sous le poids du flux des données en masse ? Allons-nous vers une hubérisation des marchés ? Mille questions sur lesquelles les économistes essayent d’apporter un éclairage.

Dominique Augey, économiste, Professeur à la Faculté de Droit et de Science Politique – Aix Marseille Université, responsable du Master 2 Journalisme et Communication des Organisations

Peter Sinclair – 
Art and Big Data

Le Big Data est un ensemble complexe de flux de données qui échappent à la perception. On ne peut avoir accès à ces flux que par des systèmes de traitement des données et, plus intuitivement, par des formes de visualisation ou de sonification. Ces dernières transforment notre perception et notre capacité à interpréter les impressions qui proviennent de notre environnement. Cela suppose nécessairement des choix esthétiques. Cela ouvre aussi un espace d’investigation pour les artistes qui, au delà des questions esthétiques, interrogent les enjeux poétiques, cognitifs et politiques des big data.

Peter Sinclair est artiste. Il enseigne à l’école supérieure d’art d’Aix en Provence. Il est co-responsable avec Jérome Joy du laboratoire de recherche Locus Sonus. Les questions de la sonification, des flux de données et du temps réel sont au coeur de ses travaux depuis plusieurs années. Il leur a consacré en 2013 une thèse de doctorat.

Jean Cristofol – 
Effets de situation

Les big data sont une véritable « matière » dont les formes de production, de traitement, de valorisation économique et d’utilisation sociale constituent un enjeu déterminant. L’un des aspects de cet enjeu est de nature épistémologique, il touche au processus de la connaissance et de la représentation. Cela est particulièrement sensible quand on s’intéresse à la spatialisation des données, à la représentation de l’espace et à la cartographie. Les données sont au coeur de la production d’une nouvelle « spatialité », elles déterminent de nouvelles façons de l’expérimenter et de nous y situer.

Jean Cristofol est professeur à l’école supérieure d’art d’Aix en Provence où il enseigne la philosophie et l’épistémologie. Il est membre du comité scientifique et artistique de l’antiAtlas des frontières, programme transdisciplinaire qui associe chercheurs, artistes et professionnels dans l’étude des mutations des frontières en ce début du XXI° siècle. Il travaille sur les relations entre arts, sciences et technologies, ainsi que sur la production des formes de temporalité et de spatialité.

14h00 – 18h00

Benjamin Cadon – 
Big data, open data, web sémantique, vers une construction algorithmique d’une réalité à détourner ?
L’avènement des assistants personnels, des systèmes de suggestion de contenus, la numérisation de notre vécu quotidien, la généralisation de la collecte de données concomitante avec l’ouverture des données publiques, autant d’éléments qui dessinent une réalité peuplée d’algorithmes et vouée à perpétuer un système pourtant promis à l’effondrement. La société civile, les artistes, hackers et autres activistes constituent-ils l’avant-garde d’un autre modèle de société, fruit de la coopération et d’un détournement frugal de notre devenir technologique ?

D’un point de vue salarial, il est directeur artistique de Labomedia à Orléans, association à but non lucratif qui oeuvre dans le champs des arts et cultures numériques depuis 1999. Il y mène des temps collectifs d’expérimentation et de recherche. De formation scientifique, il s’est intéressé très tôt aux outils numériques émergents, il réalise des installations et performances audiovisuelles autour d’une approche critique du monde technologique et dogmatique qui nous entoure.

Martina Tazzioli – 
The Sight of Migration : Governmentality, Visibility, and Europe’s Contested Borders

Cette présentation interroge comment les façons de gouverner, les techniques de visibilité et les systèmes de contrôle, peuvent s’enrichir réciproquement. Construite sur des discussions récentes en faveur d’une conceptualisation plus rigoureuse de la visibilité, la présentation s’efforcera d’examiner ce que signifie et produit la visibilité dans le contexte du contrôle des migrations en Europe et elle interrogera les modes de contrôle que cela génère. L’idée principale que défend cette présentation est que les formes actuelles de gouvernement par la visibilité ne conduisent pas à une maitrise incontestable des comportements et des mouvements, mais plutôt à une politique décousue de la visibilité. Par ailleurs, quand on les envisage dans le temps, ces mécanismes conduisent à orienter les politiques gouvernementales vers un élargissement de leurs domaines d’intervention.

Martina Tazzioli a un doctorat d’études politiques de l’University of London. Après avoir été postdoctorante à l’université de Oulu, elle collabore parallèlement au laboratoire LAMES de l’Université d’Aix-Marseille et à l’University of London. Elle est l’auteur de l’ouvrage Spaces of Governmentality, Autonomous Migration and the Arab Uprisings (2015), et elle a co-édité Foucault and the History of our Present (2015) et de Spaces in Migration, Postcards of a Revolution, (2013). Elle est membre de l’équipe éditoriale de « Materialifoucaultiani » (www.materialifoucaultiani.org).

Igor Galligo – 
Hypercontrôle et automatisation de l’Eros 
_ Organogenèse pour une poétique de la rencontre digitale

Le traitement automatique de données et catégories personnelles produites et éditées par les nouvelles applications de rencontre sur smartphones (Tinder, Happn, etc.) est un exemple frappant de l’automatisation de l’eros. Elles court-circuitent non seulement les processus de sublimations pulsionnels, mais aussi toute singularité qui pourrait se former dans le désir et dans la rencontre de l’autre. L’enjeu de notre propos sera de nous interroger sur les modalités d’une transindividuation et d’une poétisation par et de la rencontre digitale. Cette recherche nous conduira à proposer une articulation organogénétique entre anthropologie, arts, technologie et philosophie pour les digital studies, et l’édification d’un néguanthropocène.

Igor Galligo est chercheur en esthétique à l’Institut de Recherche et d’Innovation du Centre Pompidou, dirigé par Bernard Stiegler, au sein duquel il développe une réflexion sur les transformations attentionnelles, les ambiances et la destruction du désir. En 2013, il rejoint l’EnsadLab pour le programme de recherche en art et design Reflective Interaction. Depuis 2015, il est chargé d’études en muséographie pour le ministère de la Culture et de la Communication, rattaché au Département de la Recherche, de l’Enseignement Supérieur et de la Technologie.

Table ronde : Enjeux épistémologiques de l’avenir du savoir
Avec Bernard Stiegler, philosophe, directeur de l’Institut de Recherche et d’Innovation, président d’Ars industrialis, Jean Cristofol, philosophe, enseignant en épistémologie à l’ESA Aix, Cédric Parizot, anthropologue, chercheur au CNRS-Iméra, Roger Malina, astrophysicien, directeur de Leonardo/Olats (sous réserve).

Samedi 14 novembre – Fondation Vasarely

16h30

[Visite commentée] de l’exposition du festival Gamerz par les directeurs artistiques et programmateurs
Pour sa 11e édition à Aix-en-Provence, du 6 au 15 novembre 2015, le festival GAMERZ propose, au travers d’un circuit d’expositions, de rencontres, et d’ateliers entièrement gratuits, de placer sur le devant de la scène des créations en filiation avec l’univers et les technologies des jeux vidéo, offrant un panorama de ces nouveaux dispositifs artistiques.

17h30

[Projection] 
René, de Jean-Luc Godard (52’)
Issu de la série Six fois deux, sur et sous la communication réalisée en 1976 pour la télévision (France 3). Archives Ina.

Jean-Luc Godard s’entretient avec le mathématicien René Thom, inventeur de la théorie des catastrophes. Branche de la théorie des bifurcations, celle-ci considère les variations soudaines que sont les singularités. Tandis que Thom explique comment il cherche à « géométriser la sémantique », Godard interprète en images et en mots des formules et un vocabulaire des mathématiques, tout en bifurquant.

18h30

[Conférence]
 Faire la différance par Bernard Stiegler
La différance est un concept qu’a forgé Jacques Derrida. Je l’ai moi-même spécifié en un sens qui sort du cadre strictement derridien, passant notamment par Gilbert Simondon, et comme processus d’individuation. Je tenterai de montrer dans cette conférence pourquoi et comment l’impératif de faire la différance dans l’Anthropocène doit nous conduire à mener des programmes transdisciplinaires fondés sur une organologie générale et une pharmacologie positive, elle-même conçue comme une therapeia en un sens qui reprend certains chantiers de Michel Foucault.

Bernard Stiegler, philosophe, docteur de l’École des hautes Études en Sciences Sociales, est président de l’association Ars industrialis, directeur de l’Institut de Recherche et d’Innovation. Il est visiting professor à la Humboldt Universität de Berlin, distinguished professor à l’Université de Nanjing et professeur associé à l’Université de technologie de Compiègne. Il est l’auteur de trente ouvrages, dont les trois volumes de La technique et le temps font référence dans sa philosophie ; et récemment paru La société automatique 1. L’avenir du travail, Fayard, 2015.

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