Programme complet

Présentation de l’essai

Confiscation des mots des images et du temps, de Marie-José Mondzain, éditions Les liens qui libèrent, 2017

Dans cet essai, la philosophe analyse comment le libéralisme économique siphonne le vocabulaire et anesthésie l’action politique en délégitimant la « radicalité ». Et s’interroge sur ce que deviennent les mots dans les stratégies de communication du pouvoir qui traduisent toujours, de façon insidieuse et agressive, le désir de légitimation de toutes les violences perpétrées en retour. Un combat pour un verbe vivace, à défendre contre les « récupérateurs » censés nous gouverner …

Extrait de l’introduction :

« Tout est fait aujourd’hui pour identifier la radicalité aux gestes les plus meurtriers et aux opinions les plus asservies. La voici réduite dans un nouveau lexique à ne désigner que les convictions doctrinales et les stratégies d’endoctrinement qui font croire en retour qu’il suffit de « déradicaliser » pour éradiquer toute violence et pratiquer une réconciliation consensuelle avec le monde qui a produit ces dérives elles-mêmes. La radicalité, au contraire, fait appel au courage des ruptures constructives et à l’imagination la plus créatrice. La confusion entre la radicalité transformatrice et les extrémismes est le pire venin que l’usage des mots inocule jour après jour dans la conscience et dans les corps. Que l’on considère l’extrémisme le plus désespéré, voire suicidaire, ou bien tous les intégrismes fanatiques qui veulent insuffler les vapeurs toxiques d’un enthousiasme haineux et xénophobe, nulle part il ne s’agit de radicalité, c’est-à-dire de la liberté inventive et généreuse. Cette radicalité ouvre les portes de l’indétermination, celle des possibles, et accueille ainsi tout ce qui arrive, et surtout tous ceux qui arrivent, comme un don qui accroît nos ressources et notre puissance d’agir. Écrire, faire de la philosophie, penser une action politique, partager des gestes de résistance, construire pas à pas la collaboration des colères, voilà ce que le flux industriel de la communication audiovisuelle du libéralisme est en train d’éroder par les images et les discours. Ce sont les saccades inanalysables et la violence ininterrompue de ce qu’on appelle l’actualité. Tel est, pourrai-je dire, le cadre dans lequel nos vies sont tenues d’inscrire la singularité de leur trajectoire quotidienne et n’y parviennent plus ou craignent de ne plus y parvenir. »

M-J Mondzain

Plus d’informations : http://editionslesliensquiliberent-blog.fr/marie-mondzain-radicalite-confiscation/

Présentation du film

L’Anabase (Fr., 2011) de Eric Baudelaire
66 mns – DCP

L’Anabase de May et Fusako Shigenobu, Masao Adachi, et 27 années sans images évoque l’histoire de Fusako Shigenobu, leader de l’Armée Rouge Japonaise, groupe terroriste actif dans les années soixante-dix, et de sa fille May, vivant toutes deux au Liban dans la clandestinité. Leur histoire croise celle de Masao Adachi, réalisateur de l’avant-garde japonaise, qui rejoint l’Armée Rouge et la cause palestinienne en 1974.
L’Anabase se construit sur des images du Liban, sur les voix de May Shigenobu et de Masao Adachi, et sur un récit qui mêle l’histoire intime, le contexte politique des années 70, propagande révolutionnaire et théorie du cinéma.