Mini-colloque, écoutes, projections

chien.jpgMercredi 12 novembre 2014 à partir de 17h00

A l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence

Entrée libre – Tout public

Programme des interventions :

> Introduction par Colette Tron

> La Trilogie Nova ou la performativité au service de la révolution par Clémentine Hougue

Le cut-up est révolutionnaire parce qu’il est une entreprise politique de libération du langage. Mais il l’est aussi, et c’est un point moins connu, sur un plan plus spécifiquement linguistique. La performativité est le principe constitutif du cut-up et en sous-tend la dimension virale : cette permanente connexion du dire et du faire permet en effet de tisser avec le lecteur une relation immédiate.

Voyant le cut-up se faire à mesure que les résistants Nova l’emploient, le lecteur devient lui-même un de ces rebelles appelés au combat. La machine cut-up articule donc de manière particulièrement intéressante les problématiques linguistique et politique.

Née en 1982, Clémentine Hougue est docteur en littérature générale et comparée de l’université Paris III – Sorbonne Nouvelle et enseignante. Elle est l’auteur d’une thèse de doctorat et de plusieurs articles sur le cut-up de William Burroughs. Elle vient de publier : Le cut-up de William S. Burroughs : histoire d’une révolution du langage, Presses du Réel, Dijon.

> Le désordre des discours par Colette Tron

Si William Burroughs utilise la technique récurrente du cut-up, c’est qu’il constate une évolution du système linguistique et des correspondances et oppositions entre mot parlé et écrit, mot écrit et image, mémoire humaine et transmission médiatisée.

Par sa description dans « La révolution électronique », et toujours obsédé par les instruments du contrôle, il fait de la méthode cette comparaison : « COMME UNE ARME A LONGUE DISTANCE POUR BROUILLER ET ANNULER LES LIGNES ASSOCIATIONNELLES DEPOSEES PAR LES MASS-MEDIAS ».

Ce « brouilleur de discours » est-il une (pré)figure du hacker ? Quels sont les effets de virus ? De l’électronique au numérique, comment s’activent des techniques d’auteur transmedia ? Ou comment s’articulent art, technique, politique ?

Colette Tron est auteur et critique, et utilise et publie sur différents supports, du livre aux medias numériques. Directrice artistique d’Alphabetville à Marseille (www.alphabetville.org), espace de recherche et d’expérimentation des écritures multimédia, les relations entre langages et medias s’y explorent au travers d’ateliers et de résidences, d’événements thématiques tout public ou se diffusent sous forme de publications et de ressources web.

> Les enregistrements : percées dans la chambre grise par Guy-Marc Hinant

A l’énoncé de son nom apparaissent son visage et sa voix. À chacun de parler d’où il se tient. J’ai principalement vu Burroughs, tirant ses feuillets d’une table de lecture, récitant d’une voix basse et traînante ses textes les plus récents, ses ‘routines’, ou se pencher vers l’enregistreur, bandes magnétiques se déroulant, faisant résonner dans la pièce ses expérimentations anciennes. Mon intervention consistera donc, à travers l’écoute de ses cut-up, à commenter, au delà des inventions formelles, ce qui en émerge.

Guy-Marc Hinant est cinéaste, auteur, fondateur des maisons de productions Sub Rosa (avec Frédéric Walheer) et de OME L’Observatoire (avec Dominique Lohlé). Faits marquants : An anthology of noise and electronic music (2001-12), De l’avant-garde en Belgique 1917-78, co-réalisation de 18 films documentaires en 14 ans, a écrit avec Dominique Goblet Les hommes loups (2010) et autres récits alarmants. Quelques publications insistent sur l’intensité de l’écoute.

> She Loves Control par Franck Ancel

Dix ans après mon survol des frontières avec la diffusion sur Internet d’une performance-vidéo en direct depuis un avion en vol, entre Shanghai et Munich, une méditation captée prolonge mon néon She Loves Control qui fut accroché à Marseille pour le centenaire William S Burroughs, qui est également le titre d’un livre électronique de 23 pages.

Après ces lumières bleu-blanc-rouge, les dates 1964-1974-1984 se satellisent dans une vidéo de 23 minutes dont j’analyserai les enjeux comme un Global Poétique Système.

Depuis 2001, Franck Ancel a donné plus d’une douzaine de conférences de Berlin à San José, de Sousse à Prague, d’Amsterdam à Bâle, de Barcelone à Paris, “de la scénographie au réseau planétaire“. Ces multiples communications ou divers commissariats, naviguent entre théorie et pratique, du champ culturel à l’art d’aujourd’hui. Plus d’une vingtaine de ses textes et entretiens ont été publiés alors que certaines de ses œuvres font partie de collections privées de Vienne à Bruxelles en passant par Arles.

> A propos de « Pirate tape » de Derek Jarman par Laurent Bardèche

Cette projection sera l’occasion d’aborder ce film comme point de départ d’interprétations historiques, esthétiques et artistiques traversées par des thèmes aussi divers que pratiques expérimentales, culture Queer, drogues psychédéliques, magie, ésotérisme et transmissions culturelles intergénérationnelles et transgénérationnelles. _ Où comment se cristallisent autour de la figure tutélaire de Burroughs, les espoirs et hantises profondes d’artistes singuliers cherchant à dépasser les limites inhérentes à leurs domaines d’activité, pour injecter sur la scène artistique expérimentale du début des années 80, une vision complexe et néanmoins intelligible de ce que l‘on est aujourd’hui en droit d’appeler une esthétique du chaos…

Laurent Bardèche est artiste, directeur de Annexia, structure de promotion dédiée aux pratiques expérimentales (cinéma, vidéo, musique). Il est éditeur de films et vidéos d’art, et distribue les films cut-ups de W.S Burroughs et A.Balch. Il prépare actuellement un ouvrage critique consacré à Danielle Collobert. Il vit et travaille à Toulouse. http://www.annexia-net.com

Projection

pirate.jpg> Pirate Tape

Un film de Derek Jarman

1982-87, 16′

Avec W.S. Burroughs, Peter Christopherson, FM Einheit

Pirate Tape documente la présence de W.S. Burroughs à Londres en 1982. À première vue anecdotique, ce film super 8, tourné à cette occasion par le cinéaste Derek Jarman sur une musique composée par Psychic TV, s’avère un document essentiel à la compréhension des relations à la fois explicites et implicites entretenues par ces membres de la scène dite industrielle. Jarman lui-même est celui qui symboliquement les relie à travers lui à plusieurs
générations d’artistes contestataires et singuliers.