Littérature, poésie, fiction : structures narratives et technologies

Dans les medias électroniques, nombre de programmes sont dévolus à la production de textes ou détournés à des fins artistiques dans ce domaine, et nombre d’expériences ont été menées en matière littéraire depuis l’apparition de l’ordinateur. On peut dire aujourd’hui que les nouveaux medias traversent les pratiques d’écriture, et l’histoire elle-même de la littérature.
Or, ce qui est spécifique à l’informatique et aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, c’est que la technique impose une structure sous-jacente au langage de représentation.
Pour les auteurs, s’agit-il là d’un paradigme contraignant, de la concentration réductrice des propositions rédactionnelles, ou bien de la base de tous les possibles narratifs et d’un éclatement formel créatif ? Comment la langue, le langage, l’écriture, leurs fondements et leurs processus y sont-ils confrontés ? Quels sont les effets de la logique technique sur la logique de sens ? Comment notre perception s’en saisit-elle ? Y a-t-il révolution, et de quel ordre : poétique ou technologique ?

Intervenants :
Grégory Chatonsky, artiste multimedia
Jacques Donguy, poète, éditeur
Mario Borillo, cogniticien

L’artiste et le système technologique

Des oeuvres d’art nouvelles éméergent du dédale de l’art numérique. Sur le web ou sous forme d’installation, elles se nourissent de décennies d’exploration des formes des arts plastiques et les enrichissent de l’interactivité. elles proposent un rapport actif à l’oeuvre. Elles s’actualisent, voire se créent ou se générent par l’interaction avec le public. Elles proposent un espace, un univers de possibles. Un nouveau dispositif ou système de relations plus que de représentatioon. Un art de l’apparition, selon Roy Ascott. De ces créations-relations, l’artiste devient petit à petit un concepteur de système, un développeur d’applications artistiques, et le public un co-créateur. Tout au moins au premier abord. Au delà des fantasmes de l’interactivité, cette rencontre propose d’interroger les déplacements et l’évolution du statut, du rôle et de la place de l’auteur avec l’utilisation créative des nouveaux medias.

Avec :
Guillaume Stagnaro, artiste
Peter Sinclair, artiste, enseignannt, codirecteur de Cap 15
Sandra Patron, responsable de Triangle France

Information, images et nouveaux medias

L’internet et la société de l’information ont modifié le temps et l’espace de la communication en accélérant la vitesse de transmission des messages, en multipliant les procédés technologiques de représentation, en installant, avec le virtuel, un autre type d’interface au réel. Devant une complexification de l’appréhension des signes émis, et pour une éthique de la communication, il est impératif de créer et de décrypter une sémiologie de l’information et des dispositifs d’écriture propres aux nouveaux medias.

Intervenants :
Christine Buci-Glucksmann, philosophe, historienne d’art
Norbert Hillaire, critique d’art
Ludovic Burel, artiste
Patrice Barrat, producteur

Architecture, espaces urbains, espaces virtuels

C’est dans le déploiement et les croisements de ces différentes espèces d’espaces que nous essaierons de cerner le déplacement des notions qui leur sont associés, généré par l’actualité des nouvelles technologies, des réalités et des imaginaires qu’ils décrivent et dans lesquelles ils s’inscrivent. En essayant d’évaluer leurs dimensions et la distance nécessaire pour s’y situer. Un glossaire contenant les termes site, paysage, environnement de synthèse, cyberespace, architecture virtuelle, lieu, cité, territoire, etc …

Intervenants :
Franck Ancel, artiste, théoricien des nouvelles technologies
Téléférique, collectif d’artistes
Alfredo Fabbri, architecte

Art et technique, perspectives historiques

Si les termes « art » et « technique » ont eu la même définition, ce n’est que depuis le début du 20ème siècle qu’on les distingue. La technique serait attribuée aux procédés logiques et scientifiques tandis que l’art serait le résultat esthétique d’une création sensible. L’apparition de méthodes et d’appareils de reproductibilité des oeuvres d’art ainsi que la naissance de l’industrialisation auraient-elles contribué à la séparation des notions de procédés techniques et de formes artistiques, de science et d’esthétique ? L’oeuvre d’art apparaîtrait alors comme une forme unique et singulière et la technique comme les moyens génériques de la fabrication de l’objet.
Mais la technique elle-même n’informe-t-elle pas l’art ? Comment contribue-t-elle à la mise en forme de l’oeuvre, à la représentation ? Quels sont les niveaux d’interaction entre un langage artistique et un support technique ? Quel est l’impact des révolutions technologiques sur l’apparition des formes et des langages artistiques ?

Avec :
Raphael de Vivo, directeur du GMEM, et Laurent Pottier, ingénieur en informatique musicale
Paul Devautour, artiste, enseignant, initiateur du Collège invisible
Anna Sauvageot, sociologue
Alain Giffard, chercheur, Président de la MAPI

Modérateur : Nicolas Weinberg

Action culturelle et nouveaux medias

L’éclatement de la bulle internet nous amène aujourdh’ui à constater une « incertitude sur les usages » du web et du réseau : à quoi peut vraiment servir Internet au quotidien, pour chacun de nous ? Certaines expériences, menées à partir de programmes institutionnels, ont montré que l’approche culturelle des nouveaux medias pouvait donner des pistes structurantes, et déplacer le débat depuis l’outil à l’usage de l’outil : Internet peut être considéré comme un lieu d’expression, un atelier de travail collectif, une chaîne de programme multimedia, un espace de socialisation, de valorisation, d’échange.. Internet n’est aujourd’hui plus simplement un outil de communication et d’information, mais un espace d’implication individuel et collectif possible.
Cela interroge alors ce que ce type de technologie peut impliquer dans une pratique d’énonciation et de rapports aux autres, ce que ces technologies impliquent pour les « médiations ».

Avec :
M.H Poggi, chercheuse en sciences de l’information et de la communication
Sophie Ménanteau, directrice de l’ECM Kawenga
Djamel Achour, videaste, collectif Anonymal
Vincent Deblock, responable ateliers musicaux, A.M.I
Fouad Maaskri, animateur multimedia, ECM Friche Belle de Mai

Modérateur : Nicolas Weinberg

Espaces du langage, territoires du texte

Une des formes premières et omniprésentes de la communication, la langue, le langage, ont leurs structures propres. Mais circulent d’un espace à un autre : de la voix du corps à l’écrit du texte, du livre aux media de masse, du théâtre aux supports informatiques, de la page au cyberespace… Nous tenterons ici d’analyser quelques systèmes du langage, de son statut, de son inscription dans l’espace. Entre fixité et mobilité, représentation et communication, art et information, énonciation et réception, nous aborderons l’évolution du dire, de l’écrire et du lire.

Avec :
Michel Simonot, auteur dramatique, sociologue et Justine Simonot, metteur en scène autour de « La mémoire du crabe »
Eric Sadin, poète, théoricien des nouvelles technologies
Modernité et territoires de la poésie
Daniel Parrochia, chercheur, professeur de logique et méthodologie des sciences
Circulation et géographie de l’information dans les nouveaux media
Roberto Paci Dalo, compositeur, metteur en scène et Colette Tron, auteur, journaliste Projet « Cosmologie »

Modérateur : Nicolas Weinberg

Ecriture théâtrale, scène et interactivité

Internet ne se cantonne plus aux simples écrans d’ordinateurs mais intéresse et s’intéresse à la scène. Celle du théâtre ou de la danse. Engouement technologique, effets de mode, ou prémisses d’une profonde modification du rapport entre l’acteur et la scène, entre l’artiste et son propos ? En effet si les images video se projettent entre acteurs, danseurs et décor depuis un certain temps, et jouent un rôle de plus en plus important dans les scénographies, Internet, et plus particulièrement le web, s’insèrent aujourd’hui comme un élément novateur, voire moteur, d’une nouvelle conception de la narration spectaculaire. Entre scène ou tapis interactifs, narration non-linéaire, fragment. Comment ? Pourquoi ? Les intervenants, de part leurs pratiques ou leurs approches technologiques apportent de premières pistes de travail. Un moment de rencontre et de discusion que nous vous invitons à partager .

Avec :
Yannick Bressan, Cécile Huët, chercheurs, projet E-Toile
Pierre Dufoureau, metteur en scène, vidéaste, compagnie Komplex Kapharnaüm, projet Square Net
Laurence Giner, metteur en scène, Benoît Finker, scénographe, informaticien, projet Hoeurneb
J.F Peyret, metteur en scène, à propos de « La génisse et le pythagoricien »
Jean Cristofol, philosophe

Modérateur : Nicolas Weinberg

« Pourquoi faire les choses ? », commentaires sur la pratique artistique

Artiste et metteur en scène allemand, Heiko Kalmbach, actuellement en résidence à la Fondation Camargo à Cassis, y est à la fabrication d’un film documentaire sur la question de la création artistique intitulé « Pourquoi faire les choses ? ». S’attachant particulièrement à la pratique et à l’œuvre du photographe Wolfgang Tillmans, le film montre un artiste internationalement reconnu dans son travail quotidien, et dénude sa spectacularité vers un peu de son intimité. A partir du film d’Heiko Kalmbach, en l’observant et en le dépassant à la fois, une discussion s’engagera sur ce qui se passe entre le réel et l’œuvre, entre l’œuvre et sa signification, ou encore entre l’artiste et son motif. De quoi est fait et par quoi est conduit le geste artistique ? Quels en sont les éléments à l’œuvre et que recouvrent-ils ? Dans quel engagement s’inscrit-il, et « pourquoi faire les choses ? ». Avec ces question seront soulevés des enjeux concrets du travail artistique tels : effets symboliques ou effets réels, recherche esthétique et sens politique, singularité culturelle et sociale de l’œuvre d’art, et de l’artiste lui-même… Dans quelle(s) relation(s) l’art peut-il être à la société ?

Avec :
Heiko Kalmbach, artiste
Jean-Pierre Dautricourt, directeur de la Fondation Camargo
Colette Tron, responsable d’Alphabetville

Alain Giffard > « Enchaîner les esthètes, gouverner les Français »

On interroge ici les formes nationales de gouvernement du sensible : un mythe et un dogme.
L’ « Hercule Gaulois » est cette invention des lettrés de la Renaissance du XVIème siècle qui attribue au pouvoir politique l’autorité langagière et la fonde sur une certaine sensibilité, un désir des peuples d’être ainsi subjugués, pas autrement. « On lie les troupeaux par les cornes et les hommes par le langage ». La légitimité du Prince Français se montre au maniement de la chaîne – l’antique catena des latins – qui, reliant les sujets de bouche à oreille, conjugue émotion, discours et mémoire. Cette performance du pouvoir est technique, mais aussi elle doit plaire : il y a une esthétique de la chaîne.
Cette conférence propose d’interpréter ce récit politico-esthétique que Pierre Legendre nous apprend à lire comme montage dogmatique. Ainsi s’impose l’ « exception culturelle » comme projet de longue durée qui voudrait souder au moyen des technologies culturelles la société des sensibles et son gouvernement. On saisit mieux une certaine désorientation contemporaine : pourquoi tant d’illettrés, ce trouble à propos de l’université, ces interrogations sur la misère symbolique, la transmission, l’existence même d’une vie intellectuelle ? L’Hercule Gaulois est anémié ; il se parodie. Marketing, technologie, industries culturelles rivalisent sur son terrain même : la consommation tient la chaîne de conditionnement des esprits. Quelque chose ne va pas dans les relations du politique, de l’économie et de la culture. Le malaise se concentre sur le développement des technologies industrielles de l’esprit.
Certaines sociétés, prestataires de services en neuro-sciences pour le marketing, auraient découvert le siège définitif de la sensibilité, et le moyen absolu de piloter les envies.

Mais le dogme dit vrai : on lie l’homme (on fait société) par le langage.

Spécialiste des technologies de l’écrit, Alain Giffard mène aujourd’hui une réflexion sur les enjeux politiques et sociaux de la culture, en particulier à travers une recherche sur les transformations de la lecture. Il a été président de la mission interministèrielle pour l’accès public à l’internet, directeur adjoint de l’Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine, conseiller de la Ministre de la Culture pour la société de l’information. Il est aussi président de l’association Alphabetville.
http://alaingiffard.blogs.com/culture

 

Extrait de la conférence

6/ SUR LA DESORIENTATION CONTEMPORAINE

J’en arrive maintenant à l’interrogation sur l’actualité de l’Hercule Gaulois, c’est à dire à la question de la désorientation. Pourquoi la fiction ne prend-elle plus ? Je dirais qu’elle est victime d’une concurrence déloyale, c’est à dire qu’elle est concurrencée en tant que fiction, et que la concurrence ne respecte pas les règles du jeu.

La fiction est concurrencée sur ses deux faces : l’assimilation du pouvoir culturel et du gouvernement du sensible, et le rôle central des arts et technologies du langage et de l’esprit.

A/ Jusqu’à présent nous avons associé deux domaines : le politique et la culture. Il faut maintenant faire apparaître un troisième acteur abstrait, l’économie. Plus particulièrement, cette invention du XXème siècle qu’est l’économie orientée consommation. Au XX ème siècle, après la Première Guerre Mondiale pour les américains, après la Seconde pour les européens (les « Trente glorieuses » en France), les sociétés occidentales passent d’une économie orientée production à une économie orientée consommation.

Une bonne image de l’économie orientée consommation, c’est l’apparition et le développement des marques. Ce n’est plus le produit qui tire la marque, mais la marque qui tire le produit ; la marque, c’est à dire une identité et une manière de vivre, un système d’appartenance et d’affects, une rhétorique et un style, bref une « culture ». L’économie orientée consommation, c’est le devenir culture de l’économie.

Tous les gouvernements occidentaux, pendant la période du conflit avec les totalitarismes et après leur chute, ont passé alliance avec cette économie orientée consommation, alliance articulée autour des industries culturelles (Hollywood et la télévision).

C’est le système que Guy Debord a analysé comme société du spectacle.

Mais qu’est ce que l’économie orientée consommation « du point de vue des gens » ? Du point de vue des gens, c’est le pilotage du sensible, l’esthétisation des envies. Bernard Stiegler parle d’une « nouvelle époque du sensible ». Edward Bernays – un personnage extrêmement important du XX ème siècle, neveu de Freud, inventeur de la publicité (« Public Relations »)- le dit explicitement. Il faut « industrialiser le consensus ». Souvenez vous de Tory « comme s’ils étaient marris qu’ils fussent déliés ». Le néo-consommateur n’entend pas être délié, il idolâtre la marque.

Sur ce pilotage des sensibilités par la consommation, pour son propre compte, on évoque le plus souvent le rôle de la télévision et la phrase célèbre de Mr Le Lay, alors patron de TF1, qui restera probablement comme sa vraie raison d’entrer dans l’histoire :

« Il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible…Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. »

Le rôle de la télévision est évidemment central. Mais je voudrais donner deux autres exemples, moins connus et plus récents.

Le neuro-marketing. Vous avez peut être vu cette émission sur le cerveau à laquelle parti-cipaient des représentants de ce neuro-marketing.

La manière la plus simple de présenter le neuro-marketing, c’est de rappeler sommairement une expérience récente d’imagerie neuronale. En 2003, un neurologue organise un test comparatif de Pepsi et Coca. Lorsque le test est fait en aveugle, Pepsi l’emporte ; lorsque la bouteille et donc la marque est visible, c’est Coca.

Le neurologue démontre que, dans le premier cas, c’est l’aire cérébrale du « putamen ventral », liée au plaisir, qui est impliquée, tandis que dans le deuxième, c’est le « cortex préfrontal médian » lié à la mémoire et à la cognition. Cette aire va devenir la région clé du neuro-marketing. Les neuro-marketers prétendent détenir le moyen de tester si un produit, une publicité implique activement cette région.

Autre exemple de pilotage des envies : ce qu’on appelle les « technologies R », les technologies relationnelles, liées aux technologies de l’information, capteurs de puces RFID, cookies implantés dans votre ordinateur, techniques de la biométrie, demain les nanotechnologies. Ces technologies R permettent le « user profiling », c’est à dire la connaissance des goûts et des usages des personnes et des groupes, permettant par exemple, de leur adresser une publicité dite individualisée. Bref, de canaliser les désirs.

B/ La télévision, c’est déjà ancien, le neuro-marketing et les technologies R, c’est peut-être demain ; nous voyons bien que quelque chose semble se mettre en place qui concurrence en quelque sorte la chaîne classique des sensibles. Mais dans ces exemples, on semble contourner le langage, et particulièrement l’écrit.

Or l’économie orientée consommation a son propre langage : la publicité. Progressivement la publicité est devenue le langage de la consommation : c’est en quelque sorte la contribution initiale d’Edward Bernays. Dans le même mouvement, l’économie générale s’orientait vers la consommation. Finalement, la publicité est le langage de l’économie.

Il y a vingt ans, dix ans, vous pouviez lire des manuels entiers d’économie sans jamais rencontrer cette idée. Récemment, un économiste libéral, Olivier Bomsel, dans un livre consacré à l’économie de l’internet insiste : « la publicité, synonyme de communication commerciale, autrement dit de langage de l’économie ». (Veuillez noter le double passage du commerce à l’économie, de la communication au langage)

Et lorsque la publicité fusionne précisément avec les technologies de l’information, le langage de l’économie s’impose à la langue, c’est à dire à toute la langue, en tout cas, à la totalité des morceaux de langue numériques.

Le meilleur exemple aujourd’hui de cette fusion est Google.

Google, soit une industrie de l’information, une industrie de la langue, à travers l’indexation du web, le moteur de recherche.

Mais aussi, inséparablement, un mega opérateur publicitaire. On lit parfois que Google finance l’accès à l’information des internautes par la publicité mais c’est l’inverse qui est vrai. Google via l’accès à l’information se constitue une audience pour la revendre à la publicité.

Rappelons le principe technique de cette solvabilisation des lecteurs du web. Google met aux enchères (Ad Words) des mots clé et l’annonceur qui remporte l’enchère voit sa publicité en tête du résultat de la recherche sur ces mots. Symétriquement les éditeurs de sites peuvent vendre des mots aux annonceurs qui mettront leur publicité en marge des sites.

Dans une étude que je réalise pour le ministère de la Culture et de la Communication sur la « lecture numérique », je propose les notions d’ « industrialisation de la lecture » et de « lectures industrielles ».

En résumé Google ne développe pas seulement une certaine technique de lire ou de ne pas lire, à travers le modèle de la recherche d’information.

Il agit aussi comme une industrie de transformation, convertissant le lectorat du web en audience publicitaire, en commercialisant les actes de lecture par leur revente à la publicité. Notez qu’il y a peu de moyens d’y échapper : si vous éditez un site, quel que soit son statut, vos lecteurs, et plus largement, le lectorat du web qui se contente de repérer le site sur les pages du moteur, sont convertis en audience publicitaire.

Associées aux technologies R, les technologies de l’information permettent aussi de croiser les lectures et les goûts du lecteur-consommateur.

Par « lectures industrielles » je cherche à souligner cette nouveauté proprement inouïe dans l’histoire de la lecture que représente le développement d’une nouvelle manière de lire qui relève de l’économie, et échappe totalement au monde de la culture comme à la sphère du pouvoir, religieux ou politique. Google est une industrie grammatologique.

La catena moderne, industrielle, c’est la canalisation des envies, de l’attention, mais c’est aussi l’organisation d’une contre-éducation du public, notamment des jeunes, dont les lectures industrielles sont une des filières. D’où vient que, selon le point de vue, les jeunes apparaissent tantôt déchaînés, tantôt ré-enchaînés.

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