« Arts, techniques, milieux »

Dans ses deux ouvrages majeurs que sont « La galaxie Gutenberg » et « Pour comprendre les medias », les analyses de Marshall McLuhan sur les technologies ont pour objet les effets culturels au sens large (cognitifs, sociaux, artistiques…) de ces dernières et ceci par époque technique, de l’imprimerie à l’électronique. Ces extensions de l’homme, comme il les nomme, sont selon lui en interaction avec nos organes et notre système nerveux de telle sorte que l’humain lui-même se modifie avec la technique, à laquelle ses sens seraient asservis, de même que celle-ci influe sur les organisations sociales. Pour exemple et très succinctement, l’oralité est propre à maintenir le système tribal, ou encore la vitesse de l’électricité et de la transmission de l’information fait de la planète un village global, etc… Ainsi les technologies ou medias (car en anglais media signifie aussi moyen technique) génèrent des milieux, propres à leur contexte. Il nous intéresse ici de revisiter la pensée de McLuhan à partir de cette problématique pour interroger les pratiques artistiques actuelles, et dont il a écrit : « A mesure que la prolifération de nos technologies créait tout une série de nouveaux milieux, les hommes se sont rendu compte que les arts sont des contre-milieux ou des antidotes qui nous donnent les moyens de percevoir le milieu lui-même. »

Ecole supérieure d’art

10h00
Ouverture par Jean-Paul Ponthot, directeur de l’école d’art, Jean Cristofol, philosophe et enseignant (Ecole d’art), Colette Tron, auteur et critique (Alphabetville), Roger Malina, astrophysien, (Leonardo/Olats, Iméra), Emmanuel Verges, directeur (ZINC)

Introduction aux journées par Colette Tron et Jean Cristofol

10h30
Conférence de Derrick de Kerkhove
« Les dix prédictions de McLuhan », introduction à Marshall McLuhan
Marshall McLuhan disait : « Pour être un bon prophète, ne jamais prédire que ce qui est déjà arrivé » ; cela n’empêche qu’en 1962, il avait prédit l’Internet 15 ans avant qu’on en parle, et, en substance au moins, les principes qui donneraient lieu à YouTube, Wikipedia, et à toute l’économie des réseaux. Voyons comment, voyons aussi ce qui est « déjà arrivé », et ce que nous font entrevoir déjà les « signaux faibles de l’avenir » (Philippe Cahen).

Derrick de Kerckhove est professeur de langue et littérature françaises à l’Université de Toronto et de sociologie de la culture numérique à l’Université Federico II de Naples. Il est également Directeur de recherche à l’Interdisciplinary Internet Institute (IN3) à l’universitat Oberta de Catalunya à Barcelone. Il a dirigé le Programme McLuhan en culture et technologie à l’université de Toronto de septembre 1983 à juin 2008. Dès 1968, il a travaillé avec Marshall McLuhan, dont il a été l’assistant, le traducteur et le co-auteur pendant une décennie. Parmi une quinzaine de publications dont la moitié a été traduite en plusieurs langues, on compte : La civilisation vidéo-chrétienne (Paris : Retz, 1990), Brainframes : Technology, Mind and Business (Bosch&Keuning, 1991). The Skin of Culture (Somerville Press, 1995), Connected Intelligence (Somerville, 1997), The alphabet and the Brain (Springer, 1988) et il est à l’oeuvre sur trois autres sujets, The point of Being (Oxford Scholars, in press), The Digital Unconscious, et L’era del tag, (Liguori, in press). Fellow du World Economic Forum, entre 2004 et 2008, il a occupé la chaire Papamarkou en technologie et éducation à la bibliothèque du congrès à Washington.

11h30
Conférence de Jean Cristofol
« Milieu, forme, mouvement »
Quelques réflexions à propos et à partir de La Galaxie Gutenberg. La question n’est certainement pas de proposer une analyse nouvelle du premier grand livre de McLuhan, ni d’en faire une critique savante, mais de le prendre comme prétexte d’une réflexion sur ce qu’on peut considérer comme une tentative d’invention formelle d’une réflexion multidimensionnelle, sur certains de ses enjeux conceptuels et sur la façon dont elle peut faire écho aujourd’hui.

Jean Cristofol est professeur à l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence où il enseigne la philosophie et l’épistémologie. « Ecritures, dispositifs, expériences », publié dans « Nouveaux média, nouveaux langages, nouvelles écritures », l’entretemps, 2005 ; « Les utopies disséminées », D’ailleurs, Besançon 2010. « Pratiques artistiques et technologies de l’information », Manip, Le journal de la marionnette, 2010 ; « Elephant fish and GPS », in AI & society, 2011.

12h30- 13h
Discussion

14h30
Performance en ligne
« Dialogue sur une société de prothèses électriques »
Entre l’artiste Adelin Schweitzer et Emmanuel Vergès
Le passé a écrit son futur qui est notre présent. Cela est amplifié par l’usage permanent de l’électricité dans la production, la circulation des contenus, la communication … Nous sommes dans une société électrique de l’instant. Nous vivons dans des projections passées dont on a oublié les origines. Nous ré-inventons souvent chaque jour. Ce dialogue proposera des pistes pour ré-investir ce passé, recréer des frontières avec lui pour envisager un futur à partir d’une collection de fragments que l’on doit accumuler pour créer de la mémoire.

Adelin Schweitzer, Plasticien, né en 1978. Après avoir intégré l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence en 1999, il s’initie à la mécanique et à l’électronique au sein du laboratoire LOEIL dirigé par Christian Soucaret. Il obtient son DNSEP en 2004 puis obtient un espace de travail à la Cité des Arts de la rue à Marseille. En 2005 il présente son premier dispositif, le VidéoPuncher 1.3 à la biennale d’art Contemporain ARCO à Madrid et en 2006 à la manifestation « La villette numérique » à Paris. A la suite de ces réflexions, va naitre le projet d’installation ININTERACTIF au sein duquel il construit des dispositifs interrogeant le spectateur/acteur sur sa place dans les processus d’interaction avec les machines. Depuis 2009 c’est son association en avec ZINC et Seconde Nature qui lui permettent de poursuivre son projet.

15h30
Conférence de Alain Giffard
« Machines de lecture et médium »
Par principe, les approches « du point de vue de la lecture », qu’elles soient philosophiques ou historiques, ont tendance à prendre leurs distances à l’égard d’un certain déterminisme médiatique, parfois attribué à McLuhan, bien qu’il relève plutôt d’un mac-luhannisme tout terrain. A l’inverse, le numérique, notamment autour de l’hypertexte, a donné l’occasion de nombreux développements sur le thème du médium qui par lui même entraînerait, ou, du moins, correspondrait à un nouveau type de lecture. A partir de l’analyse des « machines de lecture » et des « lectures industrielles », on s’efforce ici de prendre au sérieux l’effet du médium numérique sur la lecture. Finalement, il s’agit de comprendre comment l’association du lecteur et de la machine produit à la fois lecture du texte et lecture du médium.

Administrateur civil hors classe, Alain Giffard est directeur du Groupement d’intérêt scientifique « Culture – Médias & Numérique ». Il a été directeur informatique de la Bibliothèque de France, directeur – adjoint de l’Institut mémoires de l’édition contemporaine, conseiller technique de la ministre de la Culture et de la Communication pour la société de l’information et président de la Mission interministérielle pour l’accès public à l’internet. Ses recherches portent sur les mutations de la lecture et sur la lecture comme technique de soi. En 2007, il a remis au ministère de la Culture et de la Communication une étude publiée sous le titre « Des lectures industrielles ». Sa dernière publication est « Digital reading, industrial readings » paru dans Karl Grandin (ed), « Going digital », Nobel Symposia, 2011. Alain Giffard est président d’Alphabetville.

16h30
Discussion

17h00
Lecture de l’écrivain Jean-Pierre Ostende
« Comment parler le McLuhan en 28 minutes »
Sanglier nous rencontrait au Pico Pico pour nous apprendre à parler le McLuhan. Je me souviens de son ouverture et de sa distinction entre la valse et le twist.

Jean-Pierre Ostende est l’auteur d’une quinzaine de livres de fiction, dont en 2010 Superparc, supernaturel (Comptoir d’édition) et en 2011 Et voraces ils couraient dans la nuit (Gallimard), en parodie de bande annonce sur youtube et dailymotion. Plus d’informations sur la bibliographie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Ostende

17h30
Rencontre avec l’artiste Emmanuelle Raynaut (sur inscription)

Cité du livre

19h00
Conférence de Derrick de Kerckhove
« L’homme électrique ou Pinocchio 2.0 »
La rencontre avec l’électricité sur les lignes du télégraphe est la troisième grande aventure du langage après celle de l’écriture et celle des cultures orales. Des questions se posent car le langage entretient un rapport intime avec notre pensée et notre état d’esprit, et par conséquent, la manière dont il se présente n’est pas indifférente. Quels sont les effets psychologiques, sociologiques, politiques, économiques et culturels, quelles sont les grandes tendances et lignes de force de cet empire que l’électricité prend désormais sur notre vie ?