« art / globalisation »

Appréhender le terme de globalité chez McLuhan relève d’une complexité que l’on essaiera d’expliciter selon quelques points : d’une part la plupart des medias électriques seraient englobants dans le sens où notre perception est sollicitée en totalité et non de façon partielle vers l’un de nos organes (œil pour l’imprimé, oreille pour l’oralité, par exemple) ; d’autre part la vitesse de l’électricité abolit l’espace et le temps, génère l’instantanéité, et met en relation (ou en réseau) des espaces séparés. « Contracté par l’électricité, notre globe n’est plus qu’un village » écrivait-il en précurseur dans l’introduction à « Pour comprendre les medias ». Vitesse, réticulation, échange, transport d’information à distance, sont autant de parangons encore présents dans les medias et technologies actuelles, soient-elles numériques, mais dont le système électrique est la base du fonctionnement. Quels en sont les effets sur les arts, dans les pratiques des artistes, dans la sensibilité ? Les affects, l’aesthesis, seraient-ils atteints par cette globalisation, dans tous ses sens ? Ainsi, le sensible se partagerait-il, serait-il anesthésié, asservi, formaté, ou bien d’autres consciences sensorielles adviendraient-elles ? « Ce n’est pas au niveau des idées et des concepts que la technologie a ses effets ; ce sont les rapports des sens et les modèles de perception qu’elle change petit à petit et sans rencontrer la moindre résistance. Seul l’artiste véritable peut affronter impunément la technologie, parce qu’il est expert à noter les changements de perception sensorielle. » Distance critique ou mouvement dynamique, quelles orientations, quelles formes, quelles résistances, quelles gouvernances, etc, la globalisation donne-t-elle à l’art, et à la culture ?

Ecole supérieure d’art

10h00
Conférence de Derrick de Kerckhove
« Sur le concept d’art global »
L’art global est celui qui prend appui sur l’unité fondamentale de la Terre. Il tient compte de la nouvelle dimension globale que nous devons à nos portables et reflète la conscience étendue à toute la planète de partager un espace commun. En discussion avec Christophe Bruno, nous essayerons de faire ressortir les attributs, les formes principales et les modes de diffusion (en général « homéopathiques ») de ces œuvres qui, entre autres comptent un grande participation française.

10h30
Présentation d’oeuvres et discussion
Christophe Bruno est artiste et commissaire d’expositions. Son travail propose une réflexion critique sur les phénomènes de réseau et de globalisation dans les champs du langage et de l’image.
Il présentera quelques-unes de ses œuvres, notamment divers détournements de structures globales du Web 2.0 comme Google ou Facebook, ainsi que ses projets récents qui traitent de cartographie des concepts sur le Web et de gestion des risques artistiques. Ces derniers s’inspirent à la fois de méthodes marketing comme les « cycles de hype » et de la théorie contemporaine des réseaux. Il parlera également des travaux qu’il poursuit actuellement en tant que commissaire de l’espace virtuel du Jeu de Paume, avec les expositions « identités précaires » et « blow-up ».
Sites :
http://www.christophebruno.com
http://espacevirtuel.jeudepaume.org

11h00
Conférence de l’artiste Olivier Auber suivie d’une démonstration Générateur poïétique « global »
« A la recherche de « perspectives légitimes » »
En son temps, on peut comprendre que McLuhan ait dit : « Notre planète est un village global où le centre est partout et la périphérie nulle part. », mais aujourd’hui, nos modèles de perception sculptés par les réputés « réseaux sociaux » convergent au contraire vers un nombre réduit de centres bien tangibles. Le village de McLuhan est maintenant hypercentralisé, à la fois par des serveurs et par des codes ou des normes. Chacun de ces centres tend à instituer des formes de perspective que nos modèles de perception interrogent peu ou prou : en quoi sont-elles légitimes ? C’est précisément la question posée par l’expérience dite du « générateur poiétique » ; sorte de modèle des « réseaux sociaux » actuels. Le générateur poiétique peut fonctionner sur l’internet soit suivant une perspective physiquement centralisée – un serveur synchronisant les échanges ; on parle alors d’une « perspective temporelle » -, soit suivant une autre dénuée de centre physique – un simple code ou signe de reconnaissance arbitraire faisant l’affaire ; on parle cette fois d’une « perspective numérique »- . Si tout va bien, une expérience du générateur poiétique pourrait avoir lieu pendant l’intervention. Chacun est convié à y participer, via mobile (Iphone ou Android) ou sur le web : http://play.poietic-generator.net

Olivier Auber est un artiste, « comme tout le monde ».

12h00-12h30
Discussion

14h00
Conférence de Sophie Orlando
« Art contemporain et mondialisation : quels outils pour quels savoirs ? »
Que signifie l’association des termes « art contemporain » et « mondialisation ». Comment est pensé ce rapport, depuis quand et par qui ? Quels sont les outils à disposition et quels sont les organes de réflexion et de production d’une analyse des liens entre arts et mondialisation ? Nous appréhenderons l’héritage de Marshall MacLuhan dans le contexte d’une construction théorique et critique de la mondialisation des arts contemporains.

Sophie Orlando est docteure en histoire de l’art contemporain (Paris 1 Sorbonne), ATER à l’Université de Montpellier et conférencière pour Le Bal, Paris. Elle travaille à l’édition d’une anthologie sur l’art et la mondialisation pour les Editions du Centre Pompidou à paraître en 2012.

15h00
Conférence de Colette Tron
« L’effet McLuhan »
Le compositeur John Cage clôtura l’une de ses conférences sur « l’effet qu’a produite l’œuvre de Marshall McLuhan » sur ses réflexions, cela à propos de l’éveil et l’attention qu’il a révélé « sur l’influence qu’exercent les medias sur notre perception sensorielle ». Tous deux contemporains de l’électronique, attentifs aux changements et aux transformations (qui sont les paradigmes de l’œuvre de Cage), ces derniers ont considéré leur environnement, pour mieux le comprendre, en prendre conscience, vivre avec, en « composer »… « Que l’imprimerie ait créé la Renaissance est évident, écrivait John Cage en référence à McLuhan. L’électronique nous crée tout autant. » L’on esquissera ici les aspects et les effets des dits de Marshall McLuhan dans les écrits de John Cage, qui portent entre autres points et au-delà de ses propres œuvres, sur l’art et l’artiste dans la société. Et même sur l’avènement d’une société d’artistes, en écho avec les prévisions de McLuhan.

Auteur et critique. Par l’association Alphabetville (www.alphabetville.org), Colette Tron développe un espace de réflexion pluridisciplinaire autour des rapports entre arts, technologies et culture, dans une perspective manifeste d’articuler pratique(s) et théorie(s). Derniers articles : « Digital simulation : a new kind of artifice ? », EVA proceedings, éditions British Computer Society, juillet 2011 ; « We cannot see anything », catalogue de l’exposition « Telegeneric realities » de Kenneth Fenstein, co-édition Musée National de Jogjakarta/Université de Singapour, à paraitre en 2011 ; « Arts, dispositifs, territoires », dans « Poétiques du numérique 2 », éditions l’Entretemps, à paraître en 2012.

15h30
Conférence du compositeur Scot Gresham-Lancaster suivie d’une intervention musicale
« L’obscurité est à l’espace ce que le silence est au son, i.e, l’intervalle. Marshall McLuhan »
Le travail novateur de Jacques Bertin dont la base a été la visualisation des données, excluait la notation musicale, le langage et les mathématiques, parce que ces systèmes étaient « limités à la linéarité temporelle ». Mon travail va encore plus loin et s’attache à créer et tester une machine sonore généralisée qui peut se saisir de séries de données temporelles issues de streams dans un réseau complexe, et générer une réinterprétation d’une musique familière qui serait choisie par l’utilisateur en accord avec ses habitudes d’écoute personnelles, son style, sa culture. Ceci tient du concept d’ « exformation », qui trouve ses canaux de communication en perturbant le son d’une chose avec lequel l’auditeur est familier, afin de rendre l’information faible et franchement inhabituelle. Ces principes seront exposés à travers des exemples pratiques de sonification ainsi qu’avec de courtes pièces utilisant ces concepts au titre de performance musicale déterminée.

Scot Gresham-Lancaster est compositeur, spécialiste des nouveaux medias. Ses recherches et ses performances consistent à utiliser les possibilités exponentielles des réseaux informatiques pour créer de nouveaux environnements pour la musique et les modes d’expression interdisciplinaires.

16h30
Discussion

17h00
Information et échange sur les récents mouvements Slow science (avec Roger Malina et Colette Tron)

Seconde nature

19h
Vernissage de l’installation et performance

L’Intrus d’Emmanuelle Raynaut

Une coproduction ZINC et Seconde Nature

L’intrus est une performance déambulatoire articulée autour d’images animées de corps fragmentés, d’objets plastiques, sonores et visuels, et des corps en mouvement des interprètes et des spectateurs qui s’y rejoignent.

L’intrus est une production Arep, coproduite par le Centquatre.
L’intrus a reçu une aide à la maquette et une aide à la production du DICREAM (CNC).

Performance vendredi 4 novembre à partir de 19h (jauge limitée, réservation conseillée)
Installation jusqu’au samedi 5 novembre
Seconde Nature – 27bis rue du 11 novembre – Aix-en-Provence
Entrée libre – tous publics
Renseignements 04 42 64 61 00