Pourquoi étudier un maître de lecture du Moyen-âge ?
Grand intellectuel des débuts de la Renaissance du XII ème siècle,
contemporain d’Abélard et de Bernard, Hugues de Saint Victor est l’auteur d’un art
de lire célèbre, le Didascalicon.
En établissant “ce qu’on doit lire”, “comment”, et “dans quel ordre”, le maître de
lecture poursuit différents objectifs : créer une méthode valable aussi bien pour les
textes scientifiques que pour les écritures sacrées, sortir de la stérilité culturelle qui
lui semble caractériser les siècles précédents, préparer le nouveau type d’intellectuel
requis par la transformation de l’église et de l’enseignement.
Ecouter, se concentrer, lire, analyser, enregistrer, se souvenir, re-composer un texte
ou un raisonnement, tels sont les moments de cet art de lire.
En somme, Hugues procède à la mise en correspondance d’une technique de soi,
idée de la lecture et idée de la mémoire, et d’une culture de soi (Michel Foucault),
recherche de la perfection sur le modèle d’une vie vouée à l’étude.
L’actualité du Didascalicon nous semble double : enquête, d’une part, sur le devenir
de la lecture et de la mémoire à l’âge “numérique” ; interrogation, d’autre part,
sur le type d’homme et de culture auxquels elles sont sensées correspondre, et sur
l’esprit de cette correspondance.
Alain Giffard
Spécialiste des technologies de l’écrit,
Président de la mission interministèriele pour l’accès public à l’internet,
Ex-directeur adjoint de l’Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine,
Ex-conseiller de la Ministre de la Culture pour la société de l’information.
A publié de nombreux articles, notamment “Petites introductions à l’hypertexte”,
“Mnémoniques”, “Le projet hypermedia Roland Barthes”, “Hypertexte, autorité,
espace public”, “droit du lecteur”.