Philosophe, homme politique italien, Toni Negri présidera le jury de la compétition internationale de la 19° édition du FIDMarseille, du 2 au 7 juillet 2008.
Alphabetville, le cipM et le FIDMarseille ont le plaisir d’organiser deux rencontres avec cet homme d’esprit autant que d’action, que sa pensée et ses engagements idéologiques et politiques ont amené à une existence extra-ordinaire.
– Le vendredi 4 juillet à 20h au cipM
Il présentera son dernier ouvrage sur l’écrivain Leopardi au cipM.
Toni Negri et Giorgio Passerone dialogueront sur le livre de Toni Negri Lent genêt, essai sur l’ontologie de Giacomo Leopardi, paru aux éditions Kimé, Paris, 2006, traduit par Giorgio Passerone en collaboration avec Nathalie Gailius.
– Le dimanche 6 juillet à 18h au T.N.M La Criée, grande salle
Invité à dialoguer avec le philosophe François Cusset, Toni Negri s’exprimera sur la nature des liens qui unissent, distendent, fécondent la pensée et l’art. Quel regard la philosophie porte-t-elle sur l’art ? Comment l’art apprend-il à penser ? De l’état des choses actuel à l’idéologie d’un modèle de vie culturelle, comment appréhender la place de l’art dans la société ?
Toni Negri
Antonio Negri, né le 1er août 1933 à Padoue (France), est philosophe et homme politique italien.
Jeune professeur à l’Institut de sciences politiques de l’université de Padoue, dans les années 60, il participe à la rédaction de la revue Quaderni Rossi avec Mario Tronti, Romano Alquati, Raniero Panzieri, et contribue à fonder à partir d’une mouvance marxiste hétérodoxe (en rupture totale avec le PCI de l’époque) ce que l’on a appelé l’« opéraïsme ». En 1969, il est l’un des fondateurs, avec d’autres, du groupe Potere Operaio, qui s’auto-dissoudra en 1973. Il participe ensuite au mouvement autonome italien d’Autonomia Operaia à travers les Collectifs Politiques Ouvriers et le journal Rosso. Il défend une conception de l’opéraïsme qui met l’accent sur le concept d’« ouvrier social » et s’oppose à la vieille figure de l’« ouvrier-masse ». En France, le groupe Camarades (1974-1978) s’inspirera largement de ses idées.
Il est arrêté le 7 avril 1979, lors d’une enquête sur le terrorisme. Il fait quatre ans et demi de prison en préventive dans des quartiers de haute sécurité. Il est acquitté dans les procès les plus graves et blanchi de certaines accusations, mais condamné à trente ans de prison pour « association subversive », « complot contre l’État » et « insurrection armée », peine qui sera réduite par la suite à 17 ans. Alors qu’il est en prison, en juin1983, il est élu député du Parti radical italien, ce qui lui permet d’échapper provisoirement à la détention grâce à l’immunité parlementaire dont bénéficie tout député. Lorsque le parlement, à une très courte majorité (quatre voix qui sont celles des députés… du parti radical qui l’a pourtant fait élire), décide de lever cette immunité, il prend la fuite pour la France. Il a bénéficié depuis d’acquittements systématiques concernant ses liens présumés avec les Brigades Rouges et sa prétendue responsabilité dans l’assassinat d’Aldo Moro ; mais ses liens avec certains groupes subversifs, et son activité au sein du mouvement de contestation sociale (manifestations parfois violentes, publication de revues et de livres, organisations de grèves et de sabotages dans les usines pétrolifères et chimiques de Marghera, en Vénétie) lui ont valu une condamnation par contumace à 30 ans de prison. Cette peine a, par la suite, été réduite à dix-sept ans et quatre mois. Amnesty International a très tôt dénoncé les procès politiques italiens et la répression de la contestation. Certains intellectuels français ont en particulier apporté dès la fin des années 70 leur soutien à Negri et à ses camarades (par exemple, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Jean-Pierre Faye, Michel Foucault).
Antonio Negri, après plusieurs années passées en France, sans papiers mais protégé par la « doctrine Mitterrand » comme la plupart des « émigrés politiques » italiens, est retourné volontairement en Italie en juillet 1997 pour y finir sa peine et chercher à trouver une « solution politique » aux « années de plomb ». Après six ans et demi de détention, dont la moitié en régime de semi-liberté, il a fait l’objet d’une libération définitive en avril 2003. Souvent critiqué, voire conspué en Italie et associé systématiquement aux « années de plomb » (on continue par exemple à affirmer qu’il a été le chef occulte des Brigades Rouges alors que la justice a établi sa totale étrangeté avec les BR, et que les brigadistes eux-mêmes sont indignés d’une telle « parenté »), Negri fait l’objet d’un prestige nettement supérieur en France et dans les pays anglosaxons, où il est devenu un intellectuel de référence. Il a en particulier vendu plus d’un million d’exemplaires du livre qu’il a co-écrit avec Michael Hardt, Empire.
Il vit désormais avec sa compagne, entre Paris et Venise.
Après avoir fondé et co-dirigé avec Jean-Marie Vincent la revue Futur antérieur dans les années 1990, il dirige aujourd’hui la revue italienne Posse, et fait par ailleurs partie du comité de rédaction international de la revue française Multitudes (dirigée par Yann Moulier-Boutang).
Giorgio Passerone
Traducteur.
Responsable de la section d’italien – Professeur de littérature italienne.
Université Charles De Gaulle – Lille 3 – UFR d’études romanes.
Membre du Centre d’Étude Cecille. Civilisations et littératures étrangères, Lille 3.
François Cusset
François Cusset est philosophe et directeur de la collection de traductions Penser/Croiser aux éditions Prairies Ordinaires. Enseignant sur l’histoire intellectuelle à Sciences-Po Paris et dans la branche française de Columbia University, il est également auteur, notamment, de Queer Critics (PUF, 2002), French Theory (La Découverte, 2003), La décennie : le grand cauchemar des années 1980 (La Découverte, 2006) et d’un récent Contre-discours de Mai (Actes Sud, 2008).
Entrée libre
Informations pratiques
FIDMarseille
Du 2 au 7 juillet 2008 au Théâtre National Marseille La Criée
Programme complet : www.fidmarseille.org
Renseignements : 04 95 04 44 90
cipM
Vieille Charité 2, rue de la Charité 13002 Marseille
www.cipmarseille.com
Renseignements : 04 91 91 26 45
Alphabetville
Friche Belle de Mai 41, rue Jobin 13003 Marseille
www.alphabetville.org
Renseignements : 04 91 62 60 75
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