Alphabetville propose depuis l’année 2013 un programme de micro-résidences, ou résidences de courte durée, à des auteurs, chercheurs et artistes invités, dans un processus de recherche et de création personnels autant que d’inscription dans le territoire et auprès des publics et des professionnels.
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Noam Assayag, né à Vitry-Sur Seine en 1986, est un écrivain et traducteur français, installé à Athènes depuis 3 ans, où il a cofondé au printemps 2024 le studio KOKTO, un lieu de création, d’écriture et de partage dans le quartier de Kypseli.
Diplômé de littérature comparée et passionné de sémiotique, il collabore à partir de 2009 avec l’IRI, sous la direction du philosophe Bernard Stiegler. En 2014, il avait rejoint l’Atelier Z de Mark Z. Danielewski pour travailler dans les coulisses littéraires de la version annotée d’Only Revolutions et de la saga expérimentale The Familiar.
En décembre 2018, son ouvrage Activating Cities paraît aux éditions Circadian, à Berlin, suivi en 2023 de Marcheur-Cueilleur à la fois traduction et continuation de ce projet en français. Les deux livres jumeaux proposent un recueil de technique d’attention à la ville qui nous entoure et servent de plate-forme de jeux poétiques et de marches avec différents publics.
journal visuel : @norkhat
A l’invitation d’Alphabetville, Noam Assayag sera en résidence à la Friche la Belle de Mai à Marseille pour son projet de recherche et de création :
« C’est à Marseille, adolescent, que j’ai commencé à lire les murs, du cours Julien à Castellane. Le jeu consistait à prendre à la lettre certains graffiti, en ramenant des pseudonymes à un nom commun, une entrée dans le dictionnaire, une occurrence dans un titre, une recherche sur un disque dur, sur internet, dans le souvenir. En suivant ce principe, on croisait le réel tagué et dix fois recouvert, un lexique tatoué à ville, les mots dans l’air, un corpus à disposition.
Les entrées du matin auguraient ou préparaient les découvertes et les rebonds du soir. C’était une manière de naviguer cette « écologie de l’attention » dont j’entendais parler aux séminaires de Bernard Stiegler citant Yves Citton, au pied du centre Pompidou. À force de prêter attention aux murs, au sol, aux objets perdus, aux sens suspendus, s’est formée une manière de marcher en ville comme on marcherait en forêt, le regard rasant, aux aguets d’un bolet ou d’une plume de geai. Ce sont ces techniques que j’ai rassemblées dans le livre Activating Cities, aux éditions Circadian, dont l’écriture initialement en anglais puis la refonte en français m’ont mené jusqu’à Athènes où je vis, en passant par Berlin et Bilbao. Ces mots glanés chaque jour, ces objets récupérés pour en faire des surfaces de collages trouvent aussi leur chemin vers des enveloppes qui les renvoient vers d’autres villes, d’autres contextes. Elles alimentent le précieux prétexte des images numériques et des correspondances papier; c’est depuis plus d’une décennie la recette d’une mise en mouvement perpétuel. »
« La phase actuelle du projet essaie de le réduire à sa plus simple expression, celle d’un jeu de cartes, où l’on pourrait piocher 52 indices, objets de quête ou contrainte pratique pour revoir des lieux même familiers avec un oeil nouveau, en véritables marcheurs-cueilleurs. Parallèlement, je mène depuis quelques temps un travail d’écriture et de recherche sur la notion de clavier. Du clavier mécanique des machines à écrire aux claviers électroniques puis virtuels de nos symbiotes numériques. Comme les pianistes qui s’entourent de synthétiseurs superposés, je cherche à déployer le trousseau de tous ces mots-clés collecté sur un grand nombre de claviers pour créer des artefacts textuels à timbrer, poster aux sens premier du terme, à offrir, à échanger.
Pour cette micro-résidence d’écriture, j’aimerais rendre visible l’art « d’ouvrir plusieurs fenêtres à la fois », en disposant en arc de cercle quatre machines à écrire d’époque différente, des écrans externes, un ordinateur, une tablette, quelques téléphones, et l’ancêtre des post-its du temps que leur dos était blanc, comme dans les tableaux de Georges De La Tour : des cartes à jouer. »
« Je souhaite que ce temps de résidence ne soit pas seulement une période d’isolation, mais un lieu de réception de courrier en contactant en amont mes correspondant(e)s : pour inviter la traduction, la linguistique, l’informatique, la musique et les arts plastiques à mettre le doigt sur ce qui fait l’essence de nos machines à écrire, les faire sortir de leur écrin. Cela pourrait donner lieu à une restitution finale sous forme de conférence-concertante, avec claviers à l’appui, précédé d’une marche en ville pour aiguiser et réveiller les sens, en tirant au hasard avec des participants à Marseille certains aspects à saisir en particulier. Pour souligner sur ce que nous oublions au moment de le voir, et les mille manières d’en témoigner. »
« Marche-cueillette » pour tous publics menée par Noam Assayag.
Mardi 10 décembre de 14h00 à 18h00 depuis la Friche Belle de Mai, 41 rue Jobin, 13003 Marseille.
Informations et inscription : alphabetville@orange.fr
Gratuit sur adhésion à Alphabetville (10 euros).
Restitution de l’atelier participatif et sortie de résidence de l’auteur mercredi 11 décembre, salle des tabacs.
Portes ouvertes et mini-exposition à partir de 14h30.
Lecture-performance « Korus Corpus » de Noam Assayag à 17h00.
Entrée libre.
Alphabetville • 04.95.04.96.23 • 41 rue Jobin – 13003 Friche la Belle de Mai • alphabetville@orange.fr