Natacha Nisic

Natacha Nisic

Micro-résidence du 25 novembre au 2 décembre 2023 à Marseille

 

 

Crédit image : Regine Steenbock

Alphabetville propose depuis l’année 2013 un programme de micro-résidences, ou résidences de courte durée, à des auteurs, chercheurs et artistes invités, dans un processus de recherche et de création personnels autant que d’inscription dans le territoire et auprès des publics et des professionnels.

 

 

Natacha Nisic est artiste et cinéaste. Elle tisse des liens entre histoire et mémoire collective en investissant ses implications dans les domaines politique, social et culturel. Elle explore les relations entre images, mots, interprétation, symbole et rituel. Son travail interroge la nature du langage, de l’image et du son à travers différents médias : la vidéo, la photographie et le dessin. Elle a reçu le prix Lea und Hans Gründig en 2021 pour la création de The Crown Letter (2020), une plateforme internationale de femmes artistes, en réponse à la crise du coronavirus.

Site web de Natacha Nisic : https://natachanisic.net/

 

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Au printemps 2023, elle publie « LES FUMEES », sur les possibilités de représentation de la violence, suite au procès de deux maires au Rwanda accusés de génocide.

Natacha Nisic a assisté en 2018 au procès en appel, en France, des deux responsables du génocide des Tutsi, Tito Barahira et Octavien Ngenzi, dans la commune de Kabarondo, au Rwanda. Elle a dessiné et pris des notes lors des séances, saisi les échanges, ambiances, postures, comportements, tensions et émotions, et nous le transmet ainsi, sans prétention à l’exhaustivité ou à l’objectivité, dans une incomplétude opératoire. En parcourant ces images écrites, nous sommes à notre tour saisis. Ce procès est crucial par ce qu’il soulève comme enjeux d’histoire, de justice et de mémoire.

 

Les fumées, carnet d’un procès pour génocide. Rwanda 1994-France 2018, éditions Créaphis, 2023 : http://www.editions-creaphis.com/fr/actualites/view/73/actu?of=12

Notes, textes et dessins de l’artiste Natacha Nisic, présentation par l’historienne Hélène Dumas.

 

« Dans le silence du dessin et des fragments de paroles relatées se tient la violence. La violence inimaginable du génocide, les moments de sidération à l’écoute des récits, les moments d’incompréhension, de suspens, d’effroi. […] Le trait du crayon est bien autre chose qu’une simple illustration, il est appropriation. Les dessins et fragments de textes opèrent comme une coupe spontanée au cœur de la langue, ils tranchent dans le réel pour mieux en montrer les distances qui nous en séparent. »

« Au mois d’avril 2023, une performance a eu lieu dans le cadre du colloque Silences-Écoute, organisé par le centre Primo Levi à l’espace Niemeyer à Paris.

La langue du procès s’est déployée en un choeur à trois voix, il a fallu apprivoiser ce texte. Deux jeunes rwandaises issues de familles de rescapés et moi-même avons pris possession des rôles répartis ainsi : les accusées, les témoins, la justice. Comment trouver la juste mesure de la voix, de la diction, du rythme ? Quelle a été cette scène du procès ainsi revisitée ? Pour quelle audience […] La jeunesse des voix des jeunes rwandaises donne l’épaisseur sonore de la pièce, entre événements d’un passé qu’elles n’ont pas vécu et héritage terrible qui hante chacune de leurs paroles. »

Lors de sa micro-résidence à Alphabetville, Natacha Nisic souhaite réinvestir le dispositif des rôles et le travail choral en le déployant dans une version radiophonique. Aussi, l’expérience se poursuivra grâce à une collaboration avec l’atelier Euphonia et radio Grenouille.

« L’héritage post-colonial s’inscrit dans le langage, les nomenclatures. La pièce radiophonique fait écho à l’utilisation de la radio comme instrument de propagande, comme acteur passif du génocide. Alors que les commémorations des trente années auront lieu en avril 2024, « Les Fumées », pièce sonore, est une chambre d’écho sur des voix muettes qui ouvrent l’espace de l’écoute vers un chemin possible en compagnie des fantômes. »

 

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Une coréalisation