Résidence de création et atelier
Dans le cadre de l’été culturel 2024 – DRAC PACA « Rouvrir le monde »
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« L’inhabitable : la mer dépotoir, les côtes hérissées de fils barbelés, la terre pelée, la terre charnier, les monceaux de carcasse, les fleuves bourbiers, les villes nauséabondes »
Extrait de « Espèces d’espaces » de Georges Pérec, éditions Galilée, 1974
L’autrice et critique Colette Tron interroge la notion d’habitabilité.
Elle propose un atelier sur le thème « Habitable/Inhabitable ».
Cet atelier se déroule dans le cadre d’une résidence de création et de transmission à la BMVR Alcazar de Marseille du 9 au 20 juillet 2024.
Le thème « Habitable / Inhabitable » fait référence à un chapitre du célèbre recueil « Espèces d’espaces » de l’écrivain Georges Pérec.
Au cours de ce cet ouvrage, et de ces chapitres, Pérec scrute et documente le rapport à l’espace, aux espaces, selon leurs espèces, leurs fonctions, ce dans notre environnement direct, et du plus proche au plus lointain : le lit, la chambre, l’appartement, l’immeuble, la rue, le quartier, la ville, la campagne, le pays, l’Europe, le monde…
Pérec écrit à partir de son expérience personnelle. Mais elle est si quotidienne, concernant chacun.e, que l’on peut la comprendre et l’appréhender, mais aussi la répéter et l’actualiser, selon sa propre expérience des espaces environnants.
Comment les vit-on, se les approprie-t-on, quel temps y passe-t-on, quelle activité y a-t-on ? Quels sont les espaces obligés, obligatoires, anonymes, contraignants, ou bien quels sont ceux qui sont hospitaliers, agréables, familiers, amicaux… ? Comment sont-ils aménagés, ou comment les aménager ? En quoi sont-ils habitables ? Ou inhabitables.
« L’inhabitable », dans « Espèces d’espaces », décrit selon Georges Pérec :
« L’inhabitable : l’architecture du mépris et de la frime, la gloriole médiocre des tours et des buildings, les milliers de cagibis entassés […], l’étriqué, l’irrespirable, le petit, le mesquin, le rétréci, le calculé au plus juste
L’inhabitable : […] l’encagé, le verrouillé, les murs hérissés de tessons de bouteille, les judas, les blindages […] les bidonvilles, les villes bidon »
Ici, en confrontant l’habitable et l’inhabitable, en ajoutant cette dimension positive à la négative, Colette Tron s’approprie et interprète cette notion, qui, en effet, peut concerner différentes « espèces d’espaces » : privés ou publics, intérieurs ou extérieurs, réels ou virtuels, concrets ou symboliques, ici ou ailleurs, présents et passés… Il s’agit de notre relation à l’environnement immédiat, au milieu dans lequel nous vivons, ou parfois survivons, et que nous voudrions habiter, c’est-à-dire investir de notre présence.
Face aux perturbations climatiques, aux environnements pollués, aux espaces défigurés par l’activité industrielle, aux constructions spéculatives, ou encore aux projets de smart cities (villes intelligentes), il est urgent de se ressaisir des problématiques initiées par Georges Pérec au regard d’une actualité inquiétante et d’un avenir incertain. Contre une planète qui deviendrait inhabitable, pour un environnement soutenable et un monde habitable.
Il s’agit entre autres de repérer et réparer l’inhabitable.
Ateliers
Pour cet atelier, une méthode est proposée aux participants : photographier, cartographier, lister, commenter et discuter de ce qui représente l’habitable et l’inhabitable dans leur vie quotidienne, en vue de partager collectivement des manières d’habiter ou des projets d’espèces d’espaces habitables.
Sur un choix de sites et d’espaces du territoire, ou bien à partir des lieux de vie des participants, lieux privés ou prisés, lieux obligés, sites naturels, sites artificiels, sites classés ou sites délaissés, négligés, abandonnés, défigurés, pollués, ou bien fréquentés, espaces habités et habituels, espaces inexplorés ou inconnus, les participants seront invités à les traverser collectivement, de préférence à pied, lors de balades initiées dans ce cadre.
Il est proposé de tenter des descriptions de ces espaces, sur le modèle de Georges Pérec.
Prise de notes et collecte des récits serviront de base à l’écriture du texte de l’autrice en résidence, qui pourra aussi proposer des espaces à traverser, décrire, capturer, lister…
A la fin de son livre, Pérec écrivait :
« L’espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner ; il n’est jamais à moi, il ne m’est jamais donné […].
Ecrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser un sillon, une trace, une marque ou quelques signes. »
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Colette Tron
Autrice et critique, directrice artistique d’Alphabetville, laboratoire des écritures multimédia, Colette Tron utilise différents supports d’écriture et d’édition, du livre aux medias numériques, expérimentant des formes avec les spécificités de chaque technique, créant des poétiques des medias. Ses créations se diffusent sous forme de publications, de créations sonores, de lectures et performances et d’expérimentations numériques. Dans une perspective manifeste de constituer un espace public critique, ses champs de recherche et de création tentent des articulations entre arts, technologies et culture, ainsi que la conception de nouvelles approches pratique(s) et théorique(s) de l’art et de la culture.
Informations pratiques :
Une série d’ateliers sera menée sur la base de demi-journées du mardi au samedi entre le 9 et le 20 juillet 2024.
Lieu de rendez- vous : BMVR Alcazar
Tarif : gratuit
Informations et inscriptions : dgaclitteraturebmvr@marseille.fr
Présentation du projet le mardi 9 juillet à 14h00 à la BMVR Alcazar, 58 cours Belsunce, 13001 Marseille
Co-réalisation : DRAC PACA, Alphabetville, BMVR Alcazar
Alphabetville • 04.95.04.96.23 • 41 rue Jobin – 13003 Friche la Belle de Mai • alphabetville@orange.fr