Alphabetville, laboratoire des écritures multimedia, propose depuis l’année 2013 un programme de micro-résidences, ou résidences de courte durée, à des auteurs, chercheurs et artistes invités, dans un processus de recherche et de création personnels autant que d’inscription dans le territoire et auprès des publics et des professionnels.
La résidence s’accompagne d’une éditorialisation ou publication originale issue de l’expérience.
En 2023, dans le cadre de ses micro-résidences, Alphabetville accueille l’artiste Gwenola Wagon et le philosophe et écrivain Pierre Cassou-Noguès pour leur projet Habiter les écrans.
« Comment les écrans transforment-ils la problématique de l’habiter telle qu’elle a pu être posée au XXe siècle, par exemple dans cette opposition entre Heidegger et Le Corbusier autour “des machines à habiter” ? »
Que change le numérique à notre façon d’habiter ?
Ce projet interroge les modes contemporains de l’habiter en tant qu’ils sont médiatisés par le numérique.
Explorer l’habiter numérique couvre un ensemble de pratiques et de situations qui vont de la recherche de logement sur des sites d’annonces immobilières, en passant par le temps et l’espace pris par les écrans dans les espaces domestiques, le rôle du télétravail, ou encore les phénomènes urbains induits par les plateformes d’hébergement…
« Nous voulons prendre ce problème dans toute son ampleur, ou dans tous ses moments » écrivent les auteurs du projet de création.
Habiter réellement ou virtuellement, l’habiter se vit en première personne, aussi bien qu’il se fantasme et s’analyse. Notre recherche passe donc par des récits en première personne, des fictions, des spéculations et des analyses théoriques. Les documents réunis sont des textes, des dessins et des photographies.
La création propose parallèlement la perspective d’un livre, d’un site web, une réalisation video, et une série de performances autour des textes du livre « Habiter » en mettant en scène le pouvoir transformateur du numérique par l’usage de filtres.
Lors de cette micro-résidence, leur démarche composera les éléments d’une installation, d’une réalisation video et d’une performance, où les deux auteurs se transforment avec des filtres pour adapter leur visage à leurs paroles, pour les rendre adéquats à leur discours, et aux rôles qu’ils ont à jouer.
« Nous visitons d’abord nos logements sur nos écrans, en consultant des petites annonces. Les photos sont retouchées, les logements eux-mêmes sont décorés par des agents spécialisés (des sets designers de l’immobilier) pour ressembler à nos fantasmes Airbnb, les annonces sont classées par la plate-forme : une multitude filtres s’opèrent qui transforment les logements aussi bien que les visages à l’écran.
Ces filtres réussissent-ils, comme les substances psychimiques dans le roman de Lem, Le congrès de futurologie, à effacer tout à fait la réalité ou celle-ci resurgit-elle au hasard d’un dégât des eaux ? Ces filtres participent-ils à ces phénomènes de gentrification et d’inflation, qui reconfigurent des quartiers entiers et les rendent inaccessibles ? »
Il et elle sont en effet tour à tour, agents immobiliers et clients, loueurs Airbnb et saboteurs, banquiers, emprunteurs, philosophes, artistes.
Evénements en lien avec la résidence (entrée libre) :
Production : Alphabetville
En partenariat avec : Montevideo-La Cômerie, Iméra
Alphabetville • 04.95.04.96.23 • 41 rue Jobin – 13003 Friche la Belle de Mai • alphabetville@orange.fr